Exo a récemment réalisé un coup de sonde auprès de PME manufacturières du Québec durant le mois d’octobre 2012. Premières constatations? L’utilisation corporative des médias sociaux tire toujours de l’arrière au Québec et l’étude a montré que Facebook était l’enfant chéri de l’échantillon.
Tout d’abord, les chiffres sont accablants; 55% des entreprises de l’échantillon affirment n’être présentes sur aucun média social. 10% affirme être présentes, mais pas actives (bon, c’est un début!) et seul un maigre 35% des entreprises y sont présentes et actives.
Le réseau social le plus populaire chez les PME manufacturières : Facebook (80%), le premier réseau social, le plus imposant et celui ayant la meilleure notoriété. D’ailleurs, si on demande aux gens de penser aux réseaux sociaux, il y a de fortes chances qu’ils pensent à Facebook en premier. De plus, rien de plus facile que de créer une page Facebook d’entreprise ou personnelle.
Selon moi, le réseau LinkedIn, qui arrive deuxième en fait de popularité (45,7%), mériterait davantage d’attention de la part des entreprises manufacturières. En effet, la littérature tend de plus en plus à démontrer que LinkedIn est le plus bénéfique en contexte B2B.
Pourquoi un tel retard?
L’hypothèse la plus probable selon moi pour expliquer un tel retard est que la courbe d’acceptation des nouveaux produits au Québec est plus lente comparativement au reste du Canada et aux États-Unis. Non pas que nous soyons moins intelligents que notre voisinage anglophone (mais non, voyons!), mais la barrière linguistique entre le français et anglais est suffisante pour retarder l’acceptation d’un nouveau produit ou d’une façon de faire.
Une autre raison pourrait être le tempérament plus conservateur des gens de la belle Province, d’après Geert Hofstede, qui mesure les différentes cultures à travers 5 dimensions :
- Power Distance (PDI) : Le degré auquel les membres moins puissants d’une institution ou organisation dans un pays s’attendent à ce que le pouvoir soit distribué de manière inégale et l’acceptent
- Individualism versus collectivism (IDV) : Le degré d’interdépendance parmi les membres d’une société
- Masculinity versus femininity (MAS) : Ce qui motive les gens : être les meilleurs (masculin) ou faire ce qu’ils aiment (féminin)
- Uncertainty avoidance (UAI) : Le degré auquel les membres d’une culture se sentent menacés par des situations ambiguës ou inconnues et pour lesquels ils ont créé des croyances et des institutions afin de les éviter
- Long-term versus short-term orientation (LTO) : Le degré auquel une société montre une perspective pragmatique orientée vers l’avenir plutôt qu’une perspective historique conventionnelle à court-terme
- Indulgence versus Restraint (IVR) : L’indulgence signifie qu’une société permet aux gens d’écouter leurs envies naturelles, de s’amuser et de profiter de la vie. La retenue décrit une société qui interdit la satisfaction des besoins et le contrôle par des normes sociales strictes
On y apprend que la province de Québec a un score d’UAI de 60 (comparativement à 48 pour le Canada et 46 pour les États-Unis). En somme, plus le score est élevé, plus la région a un seuil faible de tolérance au risque.
La méthodologie
L’enquête a eu lieu entre le 11 octobre et le 22 octobre 2012. Le questionnaire a été administré par téléphone auprès de 100 PME québécoises du secteur manufacturier. Les noms proviennent d’une liste obtenue auprès d’Info Canada, qui ont étés sélectionnés par codes SCIAN (31-32-33).
L’équipe d’Exo Marketing tient à remercier Ténor Marketing, partenaire dans l’administration du questionnaire.
Par simple curiosité, sur le 35/45% des entreprises B2B présentes sur les médias sociaux, par exemple Facebook, Twitter ou LinkedIn, quel nombre moyen de « followers » et nombre moyen d’interactions mensuelles ont-elles? C’est important, si l’investissement ne rapporte pas, pourquoi le prioriser, surtout si d’autres actions sont plus rentables à court et long terme. Le # de « followers » et d’interactions pourrait donner une idée de quoi s’attendre et d’identifier si nos actions sont « correctes » et à propos versus le reste des entreprises.
Bonjour monsieur Turcotte,
Tout d’abord, merci pour votre commentaire et votre intérêt envers le blogue d’Exo.
Pour répondre à votre question, nous n’avons pas questionné dans l’étude à savoir le nombre de followers et le nombre moyen d’interactions faites par mois. Effectivement cette question pourrait faire l’objet d’une future recherche. Puisque nous savions à priori que les entreprises au Québec accusent un certain retard dans l’acceptation des médias sociaux, nous avons cru bon de dresser un portrait plus général avant de tomber dans le plus pointu. Par exemple, cette même étude nous a appris que seulement 56% des entreprises manufacturières qui sont présentes sur le Web utilisent Google Analytics pour mesurer l’efficacité de leurs diverses activités marketing sur le Web. Autre statistique intéressante : 16 % de notre échantillon n’utilisait aucune tactique de marketing en ligne, pas même un site Web!
Enfin, votre questionnement nous amène aussi à se demander si le nombre de followers et le nombre d’interactions sont de bons moyens de contrôle pour mesurer l’efficacité des activités sur les médias sociaux. Selon Awareness, dans leur White Paper intitulé « The Social Marketing Funnel: Driving Business Value with Social Marketing », on suggère 2 façons:
•Social Reach-to-Traditional Lead Ratio: This ratio measures your ability to move social profiles into your traditional marketing funnel over time.
•Social Profile-to-Sales Ratio: This indicator helps you track the number of social profiles turned into customers over time. Measure this ratio in the aggregate, as well as by social media platform. This analysis will help you identify the efforts on social media platforms that generate the most return on investment.
Dans les 2 cas, on ne suggère pas nécessairement d’avoir un grand nombre de followers; on base davantage les recommandations d’indicateurs de performance sur l’engagement.
POur finir, petite statistique intéressante qui porte à réfléchir sur l’engagement : selon marketingcharts.com, 95% des posts sur les murs de Facebook (autant B2B que B2C) ne sont pas répondus par les marques…
En espérant que je suis parvenu à vous éclairer dans votre interrogation 😉