Dans les bureaux vitrés de PIKTO, un SaaS B2B de la Rive-Sud de Montréal, spécialisé dans la compréhension client et les parcours complexes, la veille de Noël baignait dans une atmosphère feutrée. Les décorations scintillaient encore, les tasses de chocolat chaud refroidissaient sur les tables de collaboration et l’équipe venait tout juste de quitter les lieux.
Maya, stratège en chef, terminait un dernier document. Dehors, la neige tombait en silence. Tout semblait calme. Puis elle leva les yeux.
La fresque murale où apparaissaient d’ordinaire les personas était vide. Plus aucune silhouette. Plus aucun texte. Et plus aucune trace. Maya tapa du bout des doigts sur l’écran interactif. Aucun effet.
La lumière du corridor clignota une seconde. Une guirlande frissonna. Le bureau sembla retenir son souffle. Une voix calme s’éleva derrière elle.
« Vous vous êtes enfin rendu compte de notre départ. »
Maya se retourna brusquement. Une silhouette semblait humaine… mais pas tout à fait.
Sous la lumière tamisée du bureau, Maya perçut quelque chose d’étrange :
une vibration douce sous la peau de cette… chose, comme un fil de code qui respire encore.
Elle n’était ni fantôme, ni hallucination. Elle était autre chose.
Un être né à mi-chemin entre l’humain et l’intelligence artificielle. Des fragments de données, d’émotions, d’entrevues et d’algorithmes recomposés en présence vivante.
« Je suis Le Décideur », dit-il.
Maya le fixa, horrifiée et fascinée à la fois.
« Vous… vous êtes un persona. Vous ne pouvez pas être réel. »
Il sourit doucement.
« Vous nous avez dessinés avec tant de justesse qu’il était peut-être temps que nous devenions plus que des profils. »
Un bruit sourd retentit dans la salle des serveurs. Le Décideur jeta un regard patient vers le corridor.
« L’Influenceur Technique. Il commence toujours sans prévenir. »
La quête des personas
Ils avancèrent ensemble dans les bureaux plongés dans une semi-pénombre chaleureuse. L’endroit semblait vivant, comme si les objets observaient en silence. Une porte oscillait doucement, comme agitée par un souffle invisible.
Dans la salle des serveurs, un autre humanoïde, plus jeune, analysait des connexions lumineuses.
« Je vérifie comment on se sent », dit-il simplement.
Maya resta bouche bée.
« Comment… vous vous sentez ? »
Il releva la tête, presque étonné qu’elle pose enfin la question.
« Quand vous nous décrivez, vous définissez nos besoins, nos motivations, nos irritants. Mais vous oubliez souvent notre voix. Ce soir, on s’est dit qu’il était temps que vous l’entendiez. »
Un objet tomba dans l’atelier adjacent. Maya sursauta. Le Décideur sourit.
« L’Utilisateur Final. Toujours au mauvais endroit pour les bonnes raisons. »
Dans l’atelier, encore un autre humanoïde. Celui-ci observait une machine à café avec intérêt.
« Vous ne m’écoutez jamais jusqu’au bout », dit-il en se retournant.
« Vous complétez mes idées avant que je les termine. J’aimerais aller au bout d’une réflexion sans qu’un KPI me coupe la parole. »
Maya émit un rire nerveux.
« Je rêve… C’est la fatigue. »
Le Décideur répondit calmement :
« Vous rêvez depuis longtemps. Ce soir, vous (rêvez éveillés) vous réveillez. »
L’assemblée des personas
De retour dans la salle de co-création, encore d’autres humanoïdes. Ces derniers apparus avec une discrétion presque chorégraphiée.
La Gestionnaire Opérationnelle.
Le Coordonnateur Terrain.
Le Spécialiste Sécurité.
L’Acheteur Circonspect.
Tous réunis.
Tous étrangement humains.
Maya inspira profondément.
« Qu’est-ce que vous voulez ? »
Le Décideur désigna la fresque vide.
« Que vous reveniez à l’essentiel. Vous nous avez créés pour comprendre, mais parfois vous nous utilisez pour conclure trop vite. »
La Gestionnaire Opérationnelle posa une main apaisante sur la table.
« Nous ne voulons pas être des cases ou des schémas. Nous voulons être vos repères humains. Vos lanternes (lumières dans la nuit). Pas vos raccourcis. »
Un silence dense et doux emplit la pièce. Puis l’écran mural s’alluma tout seul. Une nouvelle fresque apparut.
Plus simple.
Plus précise.
Et plus fidèle.
Maya porta une main à sa bouche.
« C’est magnifique… »
Le Décideur répondit :
« C’est le vôtre. Nous n’avons fait que vous rappeler ce que vous saviez déjà. »
Toute l’équipe savait déjà que les personas ne vivent pas dans les documents où on les enferme. Ils habitent les silences des réunions, les doutes qui traversent un appel, les élans timides d’un projet qui cherche sa voie. Parfois, ils savent se cacher entre deux chiffres, derrière une objection, sous une hésitation à peine audible.
Ils savaient déjà qu’un persona n’est jamais un portrait. C’est une présence. Une voix qui attend qu’on l’entende, qu’on l’accueille, qu’on la comprenne au-delà des mots.
Et que, lorsque l’on prend le temps de l’écouter vraiment, ce n’est pas une stratégie qui s’éclaire…
La magie revient quand on revient à l’essentiel
Les personas reculèrent lentement. Leurs silhouettes commencèrent à se dissoudre dans une lumière douce, presque chaleureuse, comme une aurore discrète au cœur du bureau.
L’Influenceur Technique s’arrêta un instant, posa son regard sur Maya.
« Vous nous avez longtemps cherchés dans les données. Ce soir, vous nous avez retrouvés dans l’écoute. »
L’Utilisateur Final s’approcha à son tour.
« Quand vous prenez le temps de nous entendre vraiment, nous n’avons plus besoin d’insister. Nous sommes déjà avec vous. »
Le Décideur fut le dernier à parler. Sa voix, plus basse, plus humaine que jamais :
« Ce que vous construisez n’est pas qu’une stratégie. C’est un lien. Et un lien, quand on en prend soin, traverse même le silence. »
Maya sentit sa gorge se nouer. Elle voulut répondre… mais aucun mot ne sortit.
Un souffle doux parcourut la pièce.
Les lumières frémirent une dernière fois.
Ils disparurent.
La fresque, elle, demeurait.
Plus claire.
Plus simple.
Et plus profondément humaine.
Maya s’approcha du mur, posa la main sur l’écran devenu tiède sous ses doigts.
Et, d’une voix chevrotante, elle murmura :
« Je vous ai entendus. Je vous promets de ne plus jamais oublier. »
Le retour au bureau
Au retour des fêtes. un lundi de janvier, le bureau se remplit de rires, de manteaux encore humides de neige fondue et d’odeurs de café brûlant. Sur la grande table, une boîte de biscuits en forme de personas attendait déjà. Personne ne sut qui l’avait déposée là. Personne n’osa poser la question.
Sur le mur, un document était affiché :
« Nos personas 2026 : l’essentiel retrouvé »
Certains s’arrêtèrent pour le lire.
D’autres sourirent sans trop savoir pourquoi.
Mais tous ressentirent, quelque chose de rare.
Un apaisement.
Une clarté.
Cette impression subtile que quelque chose d’important venait de se réaligner.
Comme un rappel discret que, même dans un univers de tableaux de bord, de chiffres et de performances, l’humain reste la plus précieuse des données.
Et que, parfois, la magie choisit les endroits les plus inattendus pour se déposer.
Passez un joyeux Noël et d’heureuses fêtes! De la part de l’équipe PIKTO… et d’ExoB2B.



