Gourous du web, ninjas de Twitter, un peu de sérieux!

Collaboration – 5 décembre 2013

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Dans notre travail, nous avons tous un titre. Certains sont chefs de projet, chef de produit, stratégiste, analyste ou vendeur. Ils définissent une fonction dans l’entreprise, un rôle dans l’équipe. Ce titre est purement utilitariste et ne définit pas une personne en tant que telle, mais une fonction. Un couteau coupe, un vendeur vend. C’est aussi simple que ça.

Pour autant, on voit depuis quelques années fleurir de nombreuses appellations plutôt cocasses… « Social Media Expert », « Strategy Sensei », « Marketing Guru », « Détenteur du savoir » ou « Ninja des réseaux sociaux » et « Catalyseur d’opportunités »… La liste est infinie. Ces descriptions apparaissent çà et là dans les réseaux sociaux surtout, sur Twitter et LinkedIn notamment, et sont souvent accompagnées d’une certaine ironie qui va bien et qui excuse la prétention du titre.

Pourtant, la question qui se pose logiquement est : « qui ferait confiance à un gourou? » Un gourou est quelqu’un qui vous lave le cerveau et tente de vous convaincre par des moyens psychologiques douteux. Un ninja? C’est un assassin. Est-ce qu’un client recherche un directeur de secte ou un assassin? Ou même un maître? (Sensei). Aucun doute que non. Un client attend une personne efficace dans sa fonction, avec laquelle communiquer. Plus intéressant encore, ces appellations qui ont l’air anodines inversent le rapport avec le client. Le marketing n’est plus au service du client, c’est le gourou qui accepte de partager son savoir avec le client. Pas certain qu’un tel rapport avec le client soit durable.

Ces appellations semblent en fait être des écrans de fumée. Cela revient à s’affirmer expert de tout pour cacher que l’on est expert de rien. Et si cela fonctionne encore, c’est parce que les réseaux sociaux le tolèrent plus ou moins. Plus encore, c’est un domaine assez récent qui évolue trop vite pour avoir de véritables experts et de véritables personnes expérimentées. Il n’y a pas d’experts et encore moins de gourous sur Twitter. Juste des gens qui travaillent dans ce domaine et s’affirment experts.

En fait, quand on y regarde d’un peu plus près, ces titres (assez ridicules, entendons-nous) sont un des symptômes du web. C’est la course aux clics qui se fait au détriment du contenu. Être drôle et ironique suffit, et le bon contenu doit se parer des « règles d’internet » qui font sourire. Les gourous l’ont compris et se contentent de faire du contenu taillé sur mesure pour le net, en oubliant l’essentiel : la qualité. Il est de plus en plus difficile de trouver du contenu sérieux et sobre sur le web, et les gourous, ninjas et autres sensei n’en sont qu’une preuve de plus. Voici donc mon acte de résistance : je garderais mon titre de « créateur de contenu ».

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